Activer le fond sombre
Juste un petit trou

Chapitre 2

Alicia se tortillait dans son lit, la couverture remontée jusqu’au menton, faisant grincer le lit superposé où elle dormait. Un coup de pied de sa voisine d’en bas lui rappela qu’il était tard.

Voilà plus d’une semaine que cet…incident…s’était produit dans la douche secrète. La jeune femme en avait gardé une expérience contrastée, entre une excitation extrême et la gêne caractéristique d’une jeune fille candide n’ayant jamais été préparée à ce genre de choses.

Son humeur oscillait entre le regret de l’avoir fait et celui de ne pas avoir tenté de recommencer. Et plus les jours passaient, plus la seconde flamme asphyxiait la première. Impossible pour elle de ne pas se remémorer la vision de ce corps masculin, de ce sexe viril, de se souvenir de la sensation de brûler de l’intérieur à l’idée de traverser le mur pour toucher sa peau.

Voilà plusieurs nuits qu’elle s’était réveillée aussi bien trempée de sueur que d’excitation. Elle serrait son oreiller entre ses cuisses, se frottant aussi discrètement que possible, telle une droguée cherchant une dose de substitution sans pouvoir se sevrer d’un produit bien plus puissant.

Ce jeudi-là, elle craqua. En pleine nuit, elle prétexta aller aux toilettes et cacha dans son pyjama un bout de papier et un crayon. Faisant le détour le plus sûr pour ne pas éveiller les soupçons, elle rentra dans l’aile interdite et finalement dans la cabine de douche.

Prenant appui sur le mur, elle écrivit simplement « Samedi minuit », sans même signer, avant de le rouler le plus finement possible pour l’enfoncer dans le trou en espérant qu’il soit assez loin pour qu’il le remarque…mais pas trop pour qu’un autre ne le trouve.

Elle attendit religieusement plus d’une heure, espérant entendre le moindre bruit pouvant annoncer sa venue à l’improviste. Alicia ressentait une tristesse intense et elle se retint de pleurer, se trouvant ridicule de donner tant d’importance à tout cela.

Rendez-vous était donné. Elle repasserait demain en espérant avoir une réponse. Son estomac se noua à l’idée de retrouver le papier intact ou disparu, sans autre certitude que le manque qu’elle éprouvait pour cet homme qui ne voulait plus quitter ses pensées.

Elle n’avait rien mangé le lendemain tant elle appréhendait son retour dans la douche secrète. Toujours prudente, elle avait attendu une heure plus tardive pour retourner dans la petite pièce, encore plus sombre que d’habitude sans la lueur lunaire.

Alicia se précipita vers le mur et nota que le papier était toujours là. Son cœur se serra si fort qu’elle en pleura. Glissant maladroitement le bout de ses ongles dans le mur pour saisir sa bouteille à la mer, elle l’ouvrit et soupira…

Il y avait une réponse. Une seule phrase, faisant l’effet d’une bombe tant émotionnelle qu’hormonale. Sa main trembla en la lisant.

Le mystère était insoutenable. Elle lâcha une larme de joie et relut au moins dix fois le mot pour bien être sûre de ne pas se tromper. Non, il n’y avait aucun doute. La toucher ? Comment cela était-il simplement possible ?

Le suspens était insoutenable, mais insoluble. Elle revint dans le dortoir, serrant son oreiller contre elle, sans arriver à fermer l’œil de la nuit.