La perruque blonde disparaît dans la poubelle avec un petit tintement de plastique. J’ai cessé de courir, mais ce n’est pas le cas de mon poursuivant qui trottine toujours dans les jardins de la fac, essoufflé. Hélas pour lui, mes vêtements ne jurent en rien dans la masse uniforme de manteaux H&M qui équipe la majorité des étudiants fauchés. Il me cherche du regard, avec une colère palpable.
Je ris de sa frustration.
— Malgré son bon trimestre en SVT, le petit Jean-Michel devra se montrer plus investi en EPS…
Si un sourire narquois reste figé sur mon visage, je reste concentrée. Un fusible vient de sauter. Le coup de la perruque ne marchera peut-être pas de nouveau. Il faudra que je sois moins casse-cou la prochaine fois, conclus-je en quittant le campus.
Après une bonne douche et une nuit de sommeil revigorante, j’étonne ma mère avec mon enthousiasme à peine masqué derrière mon bol de Chocapic. Cela fait longtemps qu’elle ne m’a pas vue aussi heureuse d’aller à la fac. Si seulement elle savait pourquoi… Aujourd’hui, j’ai décidé de passer à la vitesse supérieure. L’adrénaline fait déjà palpiter mon cœur. Mon plan est parfait.
En passant dans le couloir du deuxième étage, ma main caresse la poignée de porte d’un petit local d’entretien remarqué la veille. J’ouvre et constate avec plaisir qu’il n’est pas verrouillé. Je me fonds dans les flots d’étudiants défilant dans les couloirs.
Dans ma poche, je froisse un petit mot doux rédigé avec malice. La même espièglerie habite mon regard qui se pose tour à tour sur tous les jolis minois du secteur.
Je suis comme une panthère, attendant de voir quel beau mâle s’éloignera un peu trop du troupeau…
Après quelques minutes, mon radar à beau gosse s’excite en même temps que mon entrejambe. Il est là.
C’est lui.
Sa dégaine de mauvais garçon dans sa belle veste de cuir et ses Dr. Martens me font me mordre la lèvre. Il est brun, sa silhouette est musculeuse, sans vulgarité. Ce garçon a du charme, il me fait quelque chose. Et il a l’air de savoir compter deux par deux et lacer ses chaussures. Que demande le peuple ?
Effectuant un virage à quatre-vingt-dix degrés comme un missile à “bite-chercheuse”, je le marque à la culotte. Je piste ma cible jusqu’à son repère pour la matinée. Cours de sémiotique. Il sera facile d’avoir son attention.
Alors que chacun s’assoit, je profite d’une distraction inespérée de son voisin de derrière pour fourrer mon message dans sa trousse ouverte.
Et, sans demander mon reste, je sors de la salle avant de me faire trop remarquer. D’un dernier coup d’œil, je regarde mon stratagème porter ses fruits. Intrigué, il lit mon mot et se retourne, cherchant du regard qui est sa mystérieuse auteure.
Trop tard. J’ai déjà filé.
“Cher inconnu, je n’irai pas par 4 chemins : je te trouve très beau et sexy. Je suis actuellement dans le placard du second étage, à droite des escaliers. Si ton cours t’ennuie, j’aurais plaisir à te retrouver pour un moment, rien que tous les deux… ne me fais pas trop languir, d’accord ? Dans une heure, je serai partie. Signé : Une belle brune qui mouille en t’attendant.”
Je monte au deuxième étage et rejoins ma cachette. Avant de rentrer, je cherche dans mon sac un masque couleur de jais couvrant la moitié de mon visage. Je ressemble maintenant à une Dame dans une mascarade à Venise, le côté aristo en moins.
Là, dans l’ombre, j’attends mon heure. Ma proie se fait attendre. Il faudra trente minutes pour que ses hormones viennent à bout de sa méfiance. J’entends marcher dans le couloir. Le petit cliquetis métallique de ses bottes ne trompe pas. C’est lui.
L’inconnu s’arrête devant la porte. Du pied, je l’entrouvre, restant dans la pénombre. Il s’avance dans l’embrasure, cherchant à distinguer le profil de ma silhouette à l’intérieur.
Je saisis le garçon par le col et le tire à moi, profitant de sa surprise pour fermer rapidement derrière lui. Les ténèbres nous avalent.
— Quoi…? s’étonne-t-il, sur la défensive. — Chut, ne fais pas de bruit. Tu es au bon endroit, lui murmuré-je avec la voix la plus féminine possible pour éviter de prendre une droite.
Sa voix s’adoucit quelque peu alors qu’il devine que ce n’est pas un de ses potes qui lui fait un prank.
— Non mais… pourquoi dans le noir comme ça ? Tu es qui en fait ?
J’arrive à poser mon index sur ses lèvres du premier coup avec une chance insolente.
— Je veux rester discrète. Tu ne verras pas mon visage, tu ne connaîtras pas mon nom et tu n’auras pas mon numéro. Je t’ai invité ici pour que tu me baises. C’est aussi simple que ça.
Je sens son scepticisme. Il laisse échapper un rire teinté de gêne.
— Ouais c’est ça. Arrête, je marche pas. T’es pas sérieuse.
Je repère ses mains dans le noir, les attrape et les colle sur mes seins. J’ai déjà enlevé mon haut et seule ma lingerie cache mon excitation.
— Putain… tu es vraiment sérieuse… — Oui. Je te l’ai dit.
Un silence s’installe. Son hésitation le torture.
— Tu connais les règles maintenant. Si tu ne veux pas me baiser, casse-toi, lancé-je, avec une confiance désarmante. — Je ne sais même pas si tu me plais en fait…
Je soupire. Je prends ses grandes mains et les colle sur mes hanches nues pour lui montrer ma corpulence. Puis je le guide ensuite sur mes fesses moulées dans mon jean et enfin une de ses mains entre mes cuisses pour sentir à quel point je suis déjà chaude.
— Ah, vous les mecs. Aucune imagination, le taquiné-je en laissant cascader mon index de sa bouche à son torse.
Il hésite quelques secondes. Puis il cède. Enfin !
Il presse soudainement son corps contre le mien, avec un élan tout masculin. Je suis contrainte de reculer dans l’angle du local, le dos plaqué contre le mur. Je frissonne au contact de sa veste en cuir froide sur ma peau brûlante. Je l’enlace de mes cuisses. Et le serre. Fort.
Le beau mec vient trouver mes lèvres. J’enfonce ma langue dans sa bouche pour attiser le feu de son désir. Je sens qu’il grandit déjà dans son jean. Je m’y frotte sans timidité.
Sa respiration s’accélère et la mienne aussi. J’arrache à moitié sa ceinture et presse furieusement mon pouce au niveau de son ventre pour faire sauter le bouton. J’enfourne ma main dans son boxer, pour saisir son sexe terminant de durcir entre mes doigts.
— Hmm… belle bête, lui chuchoté-je à l’oreille, avant de la lui mordiller. — Merci… tu n’es pas mal non plus, pour une ombre.
Je serre un peu ses boules pour le faire flipper, lui rappelant ainsi que même si j’attends qu’il soit viril, c’est moi qui dirige.
Notre petit équilibre des forces semble lui convenir. Il ne lutte pas quand je pose ma main sur sa tête et l’oblige à se mettre à genoux. Il me déshabille. J’éjecte le tout pas trop loin de ma jambe afin de me rhabiller rapidement au cas où…
Sans attendre que mon plat refroidisse, je presse son visage entre mes cuisses. Il ne boude pas son envie de m’honorer. Ce jeune homme est bien élevé !
Je cherche à peine à masquer mes gémissements de plaisir, malgré le risque important de se faire prendre la main dans le sac… enfin… pas que.
Je savoure ses baisers passionnés sur mon sexe. Sa langue est suave, un peu maladroite, mais sincère. Je sens que je tartine le bas de son visage de ma cyprine. Je pousse plus loin le vice. Cela n’a pas l’air de le déranger. Il a trouvé mon clitoris et il se concentre dessus.
Je le laisse travailler pendant de longues minutes. Le plaisir monte petit à petit. Je sens mes jambes trembler, signe qu’il est temps de passer aux choses sérieuses.
— Je tiens plus… vas-y. Baise-moi, lui ordonné-je.
Il ne répond rien, mais se lève. J’effleure de ses doigts son gland puis la base de sa verge. Il est dur et chaud à souhait.
— Tu as une capote ? demande-t-il, calme malgré la tension palpable. — Oui, attends…
Je cherche à l’aveugle le petit bout de plastique dans la poche arrière de mon jean et lui glisse sur le gland. Il s’en saisit et l’enfile, non sans mal dans le noir. Mais il sait que s’il allumait ne serait-ce que le flash de son portable, le jeu s’arrêterait aussitôt.
Pendant qu’il se prépare, je l’attends, déjà positionnée, les mains posées contre le mur, fesses tendues ostensiblement dans l’obscurité. Je me dandine avec impatience. Il ne voit rien, mais c’est tout comme.
Il se présente à moi. Je guide sa verge vers mon sexe et le tout glisse sans tarder. Je laisse échapper un petit soupir de contentement.
— Hmm… parfait… putain j’en avais trop envie. — Ah oui ? lance-t-il, en même temps qu’une claque vigoureuse sur mes fesses.
J’apprécie l’initiative.
— Oh oui… maintenant, vas-y. Défonce-moi.
Il ne se fait pas prier. Ses mains enserrent mes hanches sans délicatesse et rentrent en moi jusqu’au fond presque d’un coup sec. Je gémis. Je serre mes fesses contre son ventre pour être certaine de tuer toute douceur en lui.
L’acte devient sauvage. Il ne me ménage pas. Mais je n’attendais que ça. Je prends mon pied. Je tente de me caresser avant de renoncer : ses assauts sont tellement forts que je manque de m’éclater les dents contre le mur. Il me laisse reprendre mon assise et continue de plus belle.
Je jouis une première fois. Mais il ne me laisse guère le temps de souffler qu’il continue à y aller comme un taureau. Je me remets tant bien que mal, puis profite d’un petit répit pour me retourner.
— Tu veux bien me porter ? lui demandé-je, avec un ton de défi. — Voyons si j’arrive à te soulever…
Je lui claque le torse de manière complice. Je me serre dans l’angle et s’aidant des ses cuisses, me soupèse, avant de me porter avec ses bras et son bassin. Je glisse son sexe en moi de nouveau avec impatience. Je le sens un peu inconfortable, mais il ne bronche pas.
— Je sais que je n’aurais pas dû prendre du rabe au self… — Pfff…ça va tu es légère. — Crâneur.
Nous sourions tous deux dans le noir, les ténèbres masquant nos rires pour entretenir cette illusoire méfiance. À présent, je me sens bien avec lui. Il me plaît. J’ai déjà mon compte, mais le dessert est toujours le bienvenu.
En cet instant, sentant la peau chaude de son torse contre la mienne, l’alchimie parfaite de nos corps, je me sens chamboulée. Nous nous embrassons sans discontinuer, de plus en plus tendrement, même si le sexe est intense. Je pose finalement ma tête dans le creux de ses épaules.
Pour la première fois depuis très longtemps, je m’offre totalement à lui, le serrant sans doute un peu trop fort, comme si cette sensation de plénitude pouvait s’échapper dans un courant d’air…
Notre instant complice se prolonge. S’éternise. Le plaisir est toujours là, mais… Je le sens faiblir. Il ne jouit pas. Renouant avec ma malice habituelle, je viens sournoisement jouer avec son oreille, en véritable diablesse.
— Bah alors, monsieur fait du zèle, avez-vous un record à battre ? — Mmmh… désolé. La capote me gêne un peu pour jouir.
Sans vraiment réfléchir, je m’arme de mon plus maléfique chuchotement, cherchant son sexe de ma main pour faire doucement coulisser le bout de plastique.
— Eh bah alors… retire-le ? — Euh… tu es sérieuse ? — Je te fais confiance. — OK, je suis clean t’inquiète… — J’espère bien… sinon je te retrouve et je te castre, glissé-je à son oreille en mordillant plus fort son lobe.
Le préservatif tombe au sol dans un bruit inesthétique. Il vient doucement chercher l’entrée de mon vagin et s’y glisse de nouveau en savourant me sentir pleinement.
— Ouah… putain c’est tellement meilleur, avoue-t-il. — Mmmh, n’est-ce pas ? C’est bien parce que tu es un bon coup. — Je suis flatté…
Il reprend ses assauts avec une vigueur toute renforcée. Je prends une nouvelle fois mon pied et ne résiste pas à l’envie de jouir une autre fois. Il le sent et il manque de craquer.
— Tu es tellement serrée… — Je peux à peine contenir ta queue, c’est vrai.
Je l’embrasse et viens de nouveau à son oreille pour jouer les tentatrices.
— Dis-moi, où as-tu envie de jouir, bel étalon ? — Je meurs d’envie de te remplir la chatte là… — Parfait alors, je t’attends. Je suis toute à toi. Fais-toi plaisir.
Visiblement, mes mots ont suffi à ce qu’il craque. Un peu surpris par son plaisir qui monte, il s’enfonce brutalement en moi bien au fond et se laisse aller. Il jouit dans mon oreille. Je me délecte de son râle de plaisir viril et grave. Je love son visage dans mon cou pour sentir son souffle chaud dans ma nuque.
Je sens les vagues de plaisir m’inonder. Je le serre en moi pour ne pas en louper une goutte. J’aime me sentir complète, avec lui encastré entre mes cuisses, empalées sur son engin de jouissance massive.
— Oh que c’était bon, lâche-t-il en soupirant longuement. — Mmmh en effet…
Je profite de l’instant de tendresse qui s’installe naturellement. Je caresse son dos et il en fait de même. Quelques minutes passent. Aucun ne semble vouloir se retirer de notre étreinte.
Avec un petit pincement au cœur, alors que je sens l’excitation définitivement quitter mon corps, je commence à chercher mes vêtements. Je me rhabille en silence. Je sens son inquiétude monter et lui serrer la gorge.
— Est-ce que… je te reverrai ?
Je ne réponds rien. Mon espièglerie a fui avec ma carapace de nymphomane pour me laisser seule avec ma conscience. Mon esprit est autant embrouillé par la descente hormonale que par mes propres contradictions.
Je m’habille sommairement, sans faire le moindre son. Nous nous troublons l’un l’autre encore plus chaque seconde.
Alors que je me redresse, il saisit mon bras avec un mélange de fermeté et de tendresse. Je peine à contenir les larmes qui envahissent mes yeux.
— S’il te plaît… — Pardon… je suis désolée.
Je l’embrasse, avec un peu trop d’affection que de raison. Et je le regrette immédiatement.
Je pousse la porte et lâche simplement, avec une voix faussement autoritaire.
— Ne me regarde pas.
Puis je m’élance dans le couloir comme une furie, fuyant un regard qui détruirait bien plus que mon anonymat.
Alors que je m’engage dans le prochain croisement, dans la cage d’escalier, mes émotions me contraignent à regarder en arrière dans le couloir.
Personne. Il a respecté ma demande. Et c’est pire que tout…
Mon cœur se serre brutalement. Je m’enfuis aussi loin que mon souffle me le permet, des larmes chaudes coulant abondamment sur mes joues.