Cela fait presque deux heures que je me caresse. Mes doigts, cachés dans mon jean ouvert d’un bouton, sont trempés. Je tente de contenir les petits bruits de satisfaction qui sortent de mes lèvres entre-ouvertes.
Personne à droite et à gauche à deux places au minimum. Et surtout, personne derrière. J’ai trouvé une place idéale dans l’amphithéâtre, tentant de survivre à l’ennui de ces cours magistralement…mortels. Malgré le nombre impressionnant d’étudiants de ma promotion, la majeure partie s’est battue pour les places de devant. Voilà qui fait (et permet) mon plaisir.
Me masturber d’ennui pendant les cours. Voilà ce à quoi se résume ma première année de médecine, où je n’ai aucune envie d’étudier. Un caprice de mes parents. Auquel j’ai cédé pour avoir une année de paix à la maison.
La monotonie et l’obligation de rester assise pendant des heures me mettent toujours les hormones en feu. J’ai cessé d’avoir honte de mon désir. J’exulte dans cette exhibition, cette provocation et cette rébellion contre le système.
Une provocation pour le moment…passée inaperçue.
Une partie de moi est terrifiée à l’idée d’être prise sur le fait et humiliée devant 200 personnes. Mais mes tripes, elles, bouillonnent à cette idée. Le mélange des deux crée une tension perpétuelle qui rend l’acte toujours plus savoureux. Chaque jour, j’ai l’impression de descendre mon jean d’un centimètre de plus… Jusqu’où serais-je prête à aller ?
Suspens. La sonnerie a avorté mon dernier petit orgasme. Tant pis. Je remets le bouton de mon jean et jette mon sac sur l’épaule, avant de disparaître dans le couloir.
Avaler mon sandwich en regardant quelques vidéos sur YouTube rassasie un peu mon corps, mais pas mon esprit. J’observe d’un air blasé ces silhouettes rabougries sur leurs feuilles de cours.
Je me dirige vers les toilettes des filles. Je pousse la porte et découvre deux étudiantes de 3ème année se regarder dans le miroir. Je m’enfonce dans une cabine et pose mes fesses sur le cadre froid en soupirant. Mon jean et mon string chutent sur mes chevilles.
J’observe mes cuisses rougies par le frottement perpétuel du jean pendant de longues heures. Je me suis vaguement épilée hier soir. Je m’en fout pas mal en fait, j’aime ce côté “punk” décomplexé. Pimp my pussy !
Je rigole à ma petite blague. Les deux filles n’ont toujours pas quitté le lavabo. Putain, ce que ces pouffiasses peuvent être bavardes.
Je commence à glisser mes doigts sur ma vulve. C’est un peu sec, mais cela n’a pas d’importance. J’aime sentir le froid entre mes cuisses. Je fais quelques vas-et-viens. Mais le plaisir ne vient pas. Leurs voix m’insupportent.
Pas moyen d’être tranquille. Putain, au moins les mecs ne passent pas une heure devant le miroir après avoir fait leur affaire. Je lève les yeux au ciel et une idée saugrenue m’arrache un sourire.
Et si je…? Chiche.
Je pousse la porte des chiottes, refermant mon jean sur le chemin de la sortie, sous le regard méprisant des deux garces. Je profite d’une accalmie dans la circulation du couloir pour pénétrer dans ce lieu interdit, avec panache et sans aucune gêne. Dans les toilettes des hommes.
Je ne distingue personne dans l’immédiat et forçant ma chance, je me réfugie sans tarder dans la dernière cabine pour être tranquille. Je me mets en tailleur de sorte que l’on ne puisse pas voir ma paire de convers colorée qui attirerait trop l’attention.
Je me mets à l’aise afin de me caresser tranquillement. C’était définitivement une bonne idée de venir ici. Comme c’est exotique !
Un homme entre dans les toilettes et se soulage dans l’urinoir. J’attend qu’il sorte pour continuer, comme si le bruit de mes doigts sur mon clitoris pouvait être entendu. Un second garçon entre et s’aventure dans la cabine voisine de la mienne.
Et…rien. Il joue les fantômes, comme moi. Je vois un caleçon et un pantalon apparaître dans mon champ de vision. Il attend son heure d’intimité.
Le premier garçon quitte les lieux.
A ma grande surprise, aucun bruit gênant ne succède à la (relative) solitude de mon voisin. Je vois sa cheville gauche trembler nerveusement. Il soupire et semble respirer profondément comme pour se calmer.
Tiens, un stressé avant son exam… dis-je dans mes pensées, amusée par la situation.
J’attends patiemment, sans un bruit, les lèvres du haut bien fermées et les lèvres du bas délicatement écartées par mes doigts.
Le jeune homme sort son portable et quelques minutes après, j’entend le jungle de PornHub vite étouffé par une baisse du volume maladroite.
Je manque d’exploser de rire, tant la situation est cocasse. Avec une certaine malice, je colle mon oreille contre la paroi, écoutant le faible murmure d’une femme qui semble prendre son pied. Un petit frisson d’excitation me saisit alors que j’entends mon voisin se faire plaisir. Fap fap fap.
Je me fais plaisir simultanément. Mais je suis en réalité plus amusée qu’excitée. La peur et le malaise que je devrais ressentir ont complètement quitté mon esprit.
J’entends l’acteur du film porno visiblement jouir sur le visage de la fille, commentant d’un ton bien macho :
Une réponse cinglante s’échappe de ma bouche, à demi-voix.
Mon voisin sursaute comme s’il avait vu le Diable et manque de faire tomber son smartphone dans les toilettes. D’une voix tremblante, faussement grave, il répond plus fort que moi.
Un petit silence gêné s’installe, alors je me mets à siffloter. Sa curiosité est plus forte que sa honte et son envie de décamper après s’être fait gauler. De sa petite voix, il ose enfin poser la question qui semble lui brûler les lèvres.
La situation semble tellement surréaliste pour lui, qu’il remonte discrètement son caleçon comme si je pouvais voir plus haut que ses chevilles.
Je lâche un petit rire. Je fais glisser mon string le long de mes jambes avant de le retirer et le dévoiler aux yeux de mon voisin dans le trou séparant les cabines.
Mon voisin semble médusé par ce qu’il voit.
Un nouveau silence remplit l’espace. Nous semblons avoir tous deux oublié l’heure. Il s’adresse de nouveau à moi, sa timidité palpable disparaissant petit à petit.
Petit silence. Et j’ose le premier pas.
Il hésite. Et répond une demi-octave plus bas.
Une tension s’installe et nos voix s’accordent sur un ton complice et coquin. Je prie pour que personne ne rentre. Je démarre les hostilités en glissant de nouveau ma main entre mes cuisses.
Il hésite. Uniquement trois secondes.
Un drôle de film porno commence, avec le son mais sans l’image. Je me laisse bercer par le son répétitif de son sexe masturbé, tandis que je lui offre en retour mes gémissements de plaisir féminin. De longues minutes passent. L’excitation est intense mais aucun de nous deux ne cède à la tentation de tomber le masque.
Chacun dans notre cabine, nous nous laissons aller à notre petit plaisir personnel. Une complicité aveugle s’installe. Je sens l’orgasme monter alors que mon clitoris est gonflé et rouge de désir. Je lui fait profiter du spectacle musical…
Cela l’excite encore plus. Le bruit de ses vas-et-viens devient plus marqué. Il ne va pas tarder. Redescendant lentement sur terre, je lui murmure assez fort pour qu’il l’entende, tout en restant très sensuelle.
Il réfléchit un moment, puis acquiesce en silence. Sa jouissance est plus timide, mais j’entends l’éjaculation sur la céramique. Il s’essuie le sexe de deux de ses doigts et tend sa main vers l’ouverture basse de la cabine.
Je descends des toilettes, m’agenouille et porte ses doigts à mes lèvres. Je les suce doucement comme si je dégustais de la crème dessert. Je dépose un baiser avant de remonter, sentant l’odeur de son sexe sur sa peau, après avoir pris soin de vérifier qu’il n’avait pas pu aperçevoir mon visage.
Je me lève et remonte mon jean d’un coup, coupant sa phrase. Je me tourne vers lui et lui dit d’un ton assuré.
Il s’affole.
Il semble désarçonné par mon assurance. Il ne répond rien.
Je jubile intérieurement en jouant avec ce mystérieux jeune homme. Finalement, peut-être que ces journées d’ennuis vont enfin devenir plus amusantes…
Je sors de la cabine et me précipite vers la sortie. Un homme se trouve dans l’entrebâillement et ses yeux s’écarquillent en me voyant sortir comme une furie.
Je me contente de lui sourire, en lui glissant un clin d’oeil.
Et je sens son regard se poser sur mes formes alors que je me dirige vers la prochaine salle de cours, léchant un peu le coin de mes lèvres.