Ce soir, c’était le grand soir. Elle avait attendu ce moment si longtemps qu’elle se senti flotter toute la journée. Serona allait enfin devenir ce qu’elle avait toujours voulu être.
Une sorcière.
Certaines pseudo-sorcières se pavanaient sur Instagram avec des maquillages alambiqués, un style vestimentaire surfait en collectionnant principalement des pierres colorées, mais Serona savait que le groupe très discret qu’elle s’apprêtait à rejoindre officiellement ne faisait pas dans le théâtral.
Elle avait demander à rejoindre ce Coven - un groupe initiatique de sorcellerie - qui la mit à l’épreuve pendant de longs mois afin de juger de sa fiabilité.
La jeune femme n’avait rencontré que deux de ses membres. L’une avait son âge : Elya, une grande blonde aux yeux bleus espiègle et au fort caractère, initiée depuis deux ans, avec qui elle s’entendait particulièrement bien. Et pour qui elle avait d’ailleurs une attirance secrète. L’autre était une femme bien plus mature - la quarantaine peut-être - aux cheveux noirs jais et aux traits durs, sévère, peu encline à l’étalage sentimental, qui ne la mettait pas toujours à l’aise. C’était la Grande Prêtresse du Coven. Léonore.
Le Corvus Ara Pan était dédié au culte de Pan, le dieu grec de la Nature, de la chasse, mais aussi des plaisirs sexuels. Ce dernier sujet avait été peu abordé par ses futures soeurs. Les aspirantes en savaient le moins possible jusqu’au grand soir.
Serona s’était faite belle, portant une belle robe noire, des bottines élégantes, pour se présenter sous son meilleur jour. Prenant sa petite Clio d’étudiante fauchée, elle se rendit au point de rendez-vous, à l’orée d’une forêt à plus d’une heure de route. Son GPS avait eût grand mal à trouver une route vers ce lieu visiblement très reculé. Le Coven avait le goût du mystère et cela ne l’étonna guère…
La voiture peina à s’enfoncer sur un chemin de terre, tandis que la forêt environnante, sombre et sauvage, semblait l’avaler au même rythme que le soleil. Serona ne pu s’empêcher de ressentir de l’appréhension : elle n’avait eu aucune détail sur la cérémonie et même Elya, de nature si bavarde, s’était murée dans le silence lorsqu’elle l’a questionnait ce sujet.
Le secret était sacré chez les sorcières.
Elya apparu au loin, à l’orée d’une clairière. Le visage étrangement fermé, droite comme un i. Habillée plutôt sommairement, au grand étonnement de Serona. Elle se gara un peu plus loin et vint la saluer.
Après quelques marches, elle arriva dans une sorte de cour intérieure cerclée de torches anciennes projetant une douce lumière sur les pierres millénaires couvertes de mousse. Une grande pierre circulaire faisait office d’autel, tandis que douze pierres plates et allongées ressemblait à des petits lits sans doute très inconfortables. Celles-ci étaient disposées de sorte à former ce que Serona devina comme un modèle ancien d’horloge ou de cadran solaire.
Léonore était placée au centre, habillée dans une longue tenue cérémonielle. Elya plaça Serona a six heures, tandis qu’elle se plaça à ses côtés à la pierre précédente, la 5ème.
Serona remarqua qu’elles n’étaient plus seulement trois. Dix autres femmes étaient disposées comme elle, chacune à leur place. Malgré l’obscurité, elle pu distinguer leurs visages à demi recouverts d’un capuchon. Il y avait des femmes jeunes et d’autres beaucoup moins jeunes. Toutes avaient un physique très différent mais un même air très solennel, emprunt d’une certaine piété.
Les soeurs attendirent dans un silence presque total, alors que Léonore fixait le plafond dans une oraison appliquée. Bientôt, la Lune projeta sa lumière dans la pièce via l’entrée du sanctuaire. Serona fut soufflée par une telle beauté.
Les douze femmes avancèrent vers Léonore, marchant sans dévier de leur position horaire. Elya fit un signe de la tête à Serona pour l’inviter à faire de même. La grande prêtresse posa un regard maternel sur chacune, y compris sur la nouvelle aspirante, avant de se tourner face à la femme à douze heure, visiblement assez âgée.
Après avoir fixé Eliane qui s’était inclinée devant la maîtresse de cérémonie, Léonore se retourna vers Serona, lui parlant d’une voix emprunte d’autorité.
Un long frisson d’angoisse parcouru l’échine de l’aspirante.
Et toutes reprirent en coeur d’une seule voix.
Léonore sembla plonger encore plus ses yeux sévères dans ceux de Serona. Elle manqua de tressaillir mais ne baissa pas les yeux.
Elle retira alors ses vêtements et toutes les femmes ici présentes en firent de même. Sous le regard insistant de la grande prêtresse et d’Elya, Serona s’exécuta, avec une certaine pudeur. Toutes nues, elles avancèrent d’un pas sur l’autel central, formant un cercle parfait. Un signe au sol attira le regard de Serona, alors que les membres offrirent leurs bras nu à leur voisine.
La grande prêtresse sortit d’un petit sac une lame courte et commençant dans le sens des aiguilles d’une montre, fit une entaille au bras de chacune. Serona eut comme un petit mouvement de recul instinctif, mais ses voisines la tenaient fermement et l’empêchèrent de bouger. Elle crispa ses yeux alors qu’elle sentit la lame tailler sa peau et son sang couler.
Elle sursauta au contact du bras ensanglanté d’Elya se collant au sien, sang contre sang. Sa voisine de droite en fit de même. Une étrange sensation commença à parcourir son corps, elle espéra ne pas défaillir en ouvrant les yeux.
La grande prêtresse apparu alors avec un grand calice doré où par la chaîne du sang elle fit couler son propre fluide vital dans un liquide rouge semblable à du vin. Elle murmura des invocations dans une langue que Serona ne compris pas. Mais elle sentait par contre qu’à chaque mot, elle frissonnait un peu plus.
Elle sentait l’énergie vibrer autour d’elle…
Après une longue litanie, la grande prêtresse termina par cette simple phrase.
Et à la toute fin de la dernière syllabe, les torches disposées en cercle dans la salle s’enflammèrent vivement…comme par magie. Serona était subjuguée par ce spectacle. Une fumée commença à s’élever du sol, aussi épaisse qu’un brouillard….sentant très fort l’encens. Un encens très masculin, musqué, entêtant. Puissant.
Serona tendit sa coupe à Eliane et cette dernière en bu une gorgée. Puis, le calice circula entre toutes les soeurs, jusqu’à arriver à la nouvelle soeur. Dans un murmure, Elya lui indiqua :
Le breuvage avait le goût du vin chaud, mais en plus acide. Serona suivit le conseil et n’avala qu’une fois. Le calice continua sa course et les soeurs retournèrent à leurs positions initiales, s’allongeant sur leurs lits de pierre.
Serona regarda la Lune et ses pensées se brouillèrent avant de disparaître complètement, laissant place à une vacuité totale. Une certaine euphorie et joie immense commença à l’envahir.
Puis…elle aperçu le visage d’Elya. Elle s’était levée pour la rejoindre. Serona plongea son regard dans les magnifiques yeux bleus de sa nouvelle soeur. Elle ressentit immédiatement du désir pour elle et ses bras se levèrent pour l’accueillir contre elle alors que la belle nordique vint embrasser ses lèvres. Elle trembla d’excitation en sentant son corps chaud contre elle, se lovant entre ses cuisses. Elya était encore plus splendide dans sa tenue d’Ève.
Serona caressa la peau douce de son dos, longeant sa colonne vertébrale. Les mains d’Elya saisirent ses seins et les massèrent avec passion, alors qu’elle plongea son visage dans son cou pour faire glisser une langue envieuse et coquine tout le long de sa nuque. Serona caressa ses fesses et l’arrière de ses cuisses. Elya commença à onduler jusqu’a ce que leurs sexes puissent se caresser. Elles frissonnaient toutes deux de sentir l’excitation humide de l’autre…
Elya suça amoureusement les tétons de Serona qui passa une main dans ses cheveux. Et bientôt la nordique alla chercher le contact de ses lèvres avec les lèvres humides de sa partenaire au creux de ses cuisses. Elle dégusta sa cyprine dans de grands et lents mouvements de langues, non sans jeter des regards plein d’affection et d’envie à Serona qui gémissait. Elle remarqua alors que toutes les soeurs autour d’elles s’offraient l’une à l’autre pareillement…
Les rôles s’inversèrent alors que le frisson de sa jouissance parcouru son échine. Mettant sa belle blonde à quatre pattes elle eut alors tout le loisir de la lécher copieusement sans restreindre les mouvements de sa langue, glissant même sur l’entrée de ses fesses. Elle y glissa d’ailleurs son pouce alors qu’elle continua de faire rouler son clitoris. Deux autres de ses doigts entrèrent en elle, laissant juste assez d’espace pour que sa langue continue son office.
Les fesses d’Elya balançaient de manière hypnotique d’avant en arrière, cherchant à sentir encore plus ces doigts fins et élancés tout au fond d’elle. Se laissant aller au plaisir, elle profita de l’étincelle de son euphorie orgiaque pour se glisser en ciseaux contre sa partenaire.
Et alors qu’elles goûtaient aux lèvres aromatisées l’une de l’autre, leurs vulves et leurs boutons rouges se frottaient frénétiquement dans un concert de gémissements général. Les caresses ne cessaient jamais d’accroître encore la complicité qu’elle ressentait sous l’effet du breuvage, à moins que cela ne soit que la concrétisation d’un désir plus ancien…
La fumée de l’encens enveloppa progressivement la pièce plongée dans une chaleur palpable malgré la fraicheur de l’automne. Une douce mélopée emprunt les lieux, aux accents d’instruments à vent, montant crescendo comme si elle venait de partout et nul part à la fois. Serona finis par identifier le son d’une flute de pan, jouant tout d’abord des airs magnifiques…mais à mesure que le son montait de l’autel, les accords devinrent disharmoniques et une peur insondable s’insinua dans le coeur de Serona. Elle sentit par ailleurs qu’Elya n’était pas totalement rassurée non plus.
Les volutes de fumée laissèrent progressivement apparaître une grande forme au centre de l’autel. Une silhouette vaguement humaine, aux proportions anormalement surnaturelles. Et dans cette mélopée inquiétante, deux bruits de sabots claquèrent sur le sol de pierre. CLOC. CLAC.
Il était là.
Il ne prononça pas un mot. Serona sentit le poids de son regard sur elle et elle fut tétanisée par sa présence à la fois charismatique et abominable. Cette créature venue d’un autre monde était apparue ici à leur invitation…
Il se dirigea à douze heures, vers Eliane. CLAC. CLOC. Et là, alors que l’orgie avait cessé, on entendit émerger de la brume des gémissements de plaisirs intenses. Les bruits de sabots parfois raisonnaient selon la position que devait prendre cette chose. Serona ne voyait rien, mais il était aisé d’imaginer la scène. La créature saillait sa servante, visiblement avec une vigueur surhumaine. On pouvait presque entendre les coups de reins ponctuer l’horloge sinistre du rituel.
Aucune des soeurs n’osa prononcer un mot. Ils auraient été bien insuffisants pour décrire la scène. Le vin de Pan faisait toujours son effet, plongeant celles qui y avaient porté les lèvres dans une transe désinhibée.
Un cri de jouissance féminin raisonna. Serona n’avait jamais entendu ça. On aurait dit que cet orgasme contenait toute la frustration d’une vie. La fin des souffrances. Un immense soulagement. Celle d’une femme âgée ayant vécu le bon et surtout le mauvais. Enfin libérée.
Vînt un silence de plomb, brutal. Il s’installa totalement quand la voix d’Eliane s’éteint et ne fût plus entendu dès lors. Aucun bruit ne s’éleva pendant de longues secondes. Les soeurs étaient tétanisées tant par la scène que sa présence. Toutes fixaient à douze heure, dans la pâleur lunaire, le spectacle masqué qui se jouait.
Un bruit humide raisonna. Quelque chose que l’on tirait, non que l’on arrachait. Un bruit de mastication, lent, appliqué. Le corps de Serona trembla lorsqu’elle comprit ce qui se passait dans la brume, là où se trouvait Eliane.
Il la dévorait.
Aucun cri de souffrance, ni aucune plainte n’indiqua si la malheureuse était encore vivante ou non. A moins que sa douleur ne soit pas assez audible pour couvrir les bruits de mâchoires.
De longues et angoissantes minutes passèrent. CLAC. CLOC. Les sabots se firent de nouveau entendre. La chose approchait, quittant le nord pour se diriger vers le sud. Droit vers Serona.
Son esprit lui aurait normalement intimé de fuir à toutes jambes, mais la scène était totalement irréaliste et la sensation d’euphorie était si présente que son corps ne réagit pas.
Bientôt, une silhouette émergea près d’elle, lentement. Elle s’attendit à voir une créature immonde sortit tout droit d’un livre de Lovecraft. Mais il n’en fût rien.
Le plus bel homme qu’elle ait jamais vu se tenait droit devant elle, dégustant de deux de ses doigts le sang qui était resté sur ses lèvres. Tout le corps de Serona fut pris d’un spasme érotique incontrôlable. Sa main se glissa entre ses cuisses et elle se caressa devant lui. Sa raison avait disparu.
Elle pouvait voir son torse musclé, ses bras vigoureux, ses épaules puissantes. Ses yeux indescriptibles la transpercer de son charisme inhumain. Elle le désirait.
Seule la vue du bas du corps de l’homme, aux sabots disgracieux et au sexe gigantesque aurait pu ternir quelque peu l’image de parfait Adam du dieu.
CLOC. CLAC. Il avança vers elle et s’allongea de tout son poids sur son corps frêle. Elle était comme une brindille face à un typhon d’érotisme.
Il sentit son sexe entrer en elle. Le mot dur serait bien faible pour décrire à quel point elle n’avait connu de pareil. Il s’insinua jusqu’au fond, dans un lent mouvement puissant et irrésistible. Les sensations étaient indescriptibles : elle sentait ce sexe brûlant envahir totalement son être. Il ne pénétrait pas seulement son corps, mais aussi son âme.
De puissants coups de reins lui arrachèrent un cri de plaisir. Il plaça sa main sur sa gorge et au creux de ses reins. Elle s’offrait totalement à lui. Sa vigueur n’avait pas de pareille. Elle était trempée et se frottait nerveusement contre cette verge comme pour l’avaler en elle pour toujours. Il voulait qu’il l’a déchire, qu’il lui fasse presque mal, comme si le sang pouvait l’exciter encore plus. Mais jamais la douleur ne l’oppressa : il n’y avait qu’un plaisir, presque malsain, qui pulsait dans ses veines.
Elle sentit son souffle puissant, comme celui d’un taureau, faire frissonner tout son cou. Il murmura quelques mots dans une langue étrange qu’elle accueilli d’un long gémissement de plaisir. Leurs sens ne faisait aucun doute…
Un temps inestimable passa. Une heure. Dix heures. Elle n’en savait rien. Serona était comme dans une autre dimension ou le temps et l’espace échappait à la compréhension humaine. Elle ne se lassait pas de le sentir la prendre sauvagement. Elle ne comptait plus le nombre de fois qu’elle avait joui et crié de tout son soûl.
Elle était à bout de souffle. C’était comme s’il la vidait de son énergie vitale et qu’à chaque fois qu’il lui accordait la jouissance, il lui en rendait tout juste assez pour une nouvelle ruée vers un autre orgasme encore plus fort.
Cette éternité de plaisir prit fin quand elle le supplia de jouir en elle. Ce désir la subjuguait. Elle voulait le sentir souiller son corps de sa semence divine. Elle aurait aimé qu’il reste en elle, pour toujours. Mais les forces commençaient à lui manquer…
Dans une miséricorde et un amour presque filial, le dieu exauça son souhait. Dans un rugissement mi-humain mi-animal, il lécha le cou de sa promise et dans de très puissants coups de reins se déversa en elle. De puissants jets chauds la remplirent sans que son corps si frêle ne puisse tout contenir. Elle se sentait inondée par sa bénédiction impie. Le sperme coulait par vagues en dehors d’elle, trempant ses cuisses, ses fesses. Elle serra la créature contre elle comme pour le retenir.
Un esprit aussi rationnel qu’il puisse t’être à cet instant aurait craint qu’il ne la dévore une fois son désir assouvi. Mais Serona sentait son coeur battre avec lui d’un amour spirituel puissant. Et il sut alors qu’il ne lui ferait rien. Et qu’il serait là pour la protéger. Jusqu’à la fin…où il la ferait vivre en lui…à jamais.
CLAC. CLOC.